jeudi, juin 14, 2012

Jacques Buchhold: L’apôtre Paul et la sexualité

Jacques Buchhold est professeur de Nouveau Testament à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine

 L’apôtre Paul et la sexualité

- Un conflit d’échelles des valeurs

Jacques BUCHHOLD 


La sexualité constitue, dans le réseau que composent les relations humaines, une « zone à haute tension ». C’est pourquoi, dans toute société, elle est gardée sous « haute protection » et son énergie s’y diffuse le long de « lignes » définies et reconnues, qui canalisent l’« intensité » de ses manifestations et s’organisent pour former un système avec son « échelle » des valeurs.

Les écrits pauliniens parlent de cette « zone à haute tension » des relations humaines qu’est la sexualité. Quel cadre l’apôtre définit-il pour une manifestation de son « énergie » qui soit bénéfique pour les êtres humains? Quelle est l’échelle des valeurs qui structure la morale sexuelle prônée par l’apôtre, et pourquoi opte-t-il pour une telle vision des choses? Et que dire des « fusibles » – des interdits – qui la caractérisent et la protègent? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles je vais tenter de répondre.


I. Une double composante


1. Un enracinement vétérotestamentaire


Les écrits de Paul sont, pour la plupart, des écrits de circonstance dans lesquels l’apôtre affronte les problèmes qui se posent aux croyants de fraîche date auxquels il s’adresse. Il n’est donc pas surprenant qu’on ne trouve pas dans ses épîtres un passage qui traite, de manière développée et complète, de l’éthique de la sexualité. Les données concernant ce sujet sont dispersées dans les diverses lettres pauliniennes. En fait, les seules épîtres dans lesquelles la sexualité n’est pas explicitement mentionnée d’une manière ou d’une autre sont Philippiens, 2 Thessaloniciens et Philémon. Trois épîtres sur treize: pour Paul, parler de sexualité dans l’enseignement de l’Eglise n’était pas tabou!

Une autre raison explique qu’on ne trouve pas de passage où Paul élabore, de manière exhaustive, une éthique de la sexualité: son enseignement n’est pas original, il s’enracine dans l’héritage juif vétérotestamentaire dans lequel l’apôtre puise selon les besoins.

Deux indices permettent d’illustrer ce fait. Premièrement, Paul a recours aux données vétérotestamentaires sur la création lorsqu’il parle de sexualité. Il cite à deux reprises Genèse 2.24 en partie ou dans sa totalité – « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux seront une seule chair » – dans deux textes importants traitant, l’un du mariage (Ep 5.21-33), l’autre de la prostitution (1 Co 6.12-20). Et c’est en se fondant sur les réalités créationnelles que Paul, en 2 Timothée 4.1-5, souligne que la sexualité est bonne, en s’opposant à ceux qui prescrivent de ne pas se marier (1).
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(1) Cf. aussi le renvoi au commandement de la loi interdisant l’adultère (Rm 13.9).
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Le deuxième indice est moins fort, car l’interprétation du texte est controversée, mais il est significatif; il touche, en effet, un point de détail, de vocabulaire, de l’enseignement paulinien. Le texte qui nous intéresse est 1 Corinthiens 7.14; il concerne les mariages entre croyants et non croyants:

« Le mari non croyant, affirme Paul, est sanctifié par la femme [croyante], et la femme non croyante est sanctifiée par le frère, autrement vos enfants seraient impurs, tandis qu’en fait ils sont saints. » (BC)

Si je comprends bien ce verset, l’apôtre emploie en 1 Corinthiens 7.14 le langage technique de la « sainteté » et de la « pureté », non pour parler de la situation spirituelle du mari, de la femme et de leurs enfants face à Dieu mais, à la manière des Juifs de son temps, pour parler de la légitimité du mariage et des relations sexuelles entre un conjoint croyant et un conjoint non croyant, ainsi que de la légitimité des enfants qui naissent de cette union (2).
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(2) D’où la traduction de la Bible du Semeur: « Car du fait de son union avec sa femme, le mari non croyant est bien un mari légitime et de même, du fait de son union avec son mari chrétien, la femme non croyante est bien une épouse légitime. Autrement, leurs enfants seraient des enfants naturels, alors qu’en réalité ils sont légitimes. »
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Le traité du Talmud lui-même qui discute des relations maritales légitimes et illégitimes (« saintes » et « impures ») s’intitule Qiddushin, ce qui se traduit littéralement « saintetés ».

Ainsi, comme le reconnaît de plus en plus la recherche actuelle, sur ces questions de sexualité comme dans tant d’autres domaines, l’apôtre Paul est avant tout un digne (et légitime!) fils de l’Ancien Testament.


2. Des problématiques païennes


Mais s’il est vrai que l’enracinement de l’éthique sexuelle paulinienne est juif, ses problématiques sont essentiellement païennes. En affirmant cela, je ne veux bien entendu pas dire que le monde juif était exempt de tout problème lié à la sexualité, mais je suggère que l’apôtre n’a pas pu se contenter de tout simplement transmettre son héritage juif en matière de morale sexuelle aux croyants des Eglises qu’il a fondées, pour être fidèle à son ministère de docteur de l’Eglise; il lui a fallu, non seulement dénoncer l’inconduite sexuelle comme il l’aurait fait dans un contexte juif, mais surtout affronter une autre morale sexuelle: la morale sexuelle du monde hellénistique avec ses diverses problématiques.

Je traiterai de cet affrontement en abordant deux problèmes qui le mettent particulièrement en évidence: la prostitution et l’homosexualité.

II. L’« inconduite sexuelle » (la porneia)


Quelques mots des péchés liés à la sexualité


  • porneia (« inconduite sexuelle ») : 1 Co 5.1 [2x]; 6.13,18; 7.2; 2 Co 12.21; Ga 5.19; Ep 5.3; Col 3.5; 1Th 4.3;
  • porneuô (« se livrer à l’inconduite sexuelle ») : 1 Co 6.18; 10.18 [2x];
  • pornè (« prostituée ») : 1 Co 6.15-16;
  • pornos (« l’homme qui se livre à l’inconduite sexuelle ») : 1 Co 5.9,10-11; 6.9; Ep 5.5; 1 Tm 1.10;
  • moichalis (« adultère ») : Rm 7.2 [2x];
  • moicheia (« péché d’adultère ») : Ga 5.19;
  • moicheô (« commettre l’adultère ») : Rm 2.22 [2x]; 13.9;
  • moichos (« homme adultère ») : 1 Co 6.9;
  • arsenokoitès (« homme qui couche avec un homme ») : 1 Co 6.9; 1 Tm 1.10;
  • malakos (« passif ») : 1 Co 6.9.
Le mot le plus fréquent que Paul utilise pour désigner les péchés liés à la sexualité est le mot porneia, auquel il faut ajouter les mots de la même famille: le verbe porneuô et les deux noms masculin et féminin pornos et pornè. Les mots porneia ou pornos sont présents, en particulier, dans chacune des listes de pratiques pécheresses diverses que l’apôtre dénonce en 1 Corinthiens 5.11, 6.9-10; Galates 5.19-21; Ephésiens 5.3-5; Colossiens 3.5-8 et 1 Timothée 1.9-10. Ainsi, en Galates 5.19-21, Paul écrit:

« Or les œuvres de la chair sont manifestes: inconduite sexuelle (porneia), impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, hostilités, disputes, passions jalouses, fureurs, ambitions personnelles, divisions, dissensions, envie, beuveries, orgies et autres choses semblables. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait: ceux qui pratiquent de telles choses n’hériteront pas le royaume de Dieu. » (NBS)

Cette porneia désigne, ainsi que le traduit la Nouvelle Bible Segond (NBS), l’« inconduite sexuelle » (l’ancienne « fornication ») sous ses diverses formes, c’est-à-dire toute relation sexuelle en dehors du mariage. En 1 Corinthiens 5.1, le mot vise l’inceste; en 6.13 et 18, la fréquentation des prostituées; en 7.2, l’infidélité conjugale; en 1 Thessaloniciens 4.3 (avec le v. 6), les relations sexuelles avec une personne mariée.

A) La porneia et le paganisme

Certes, tous ces comportements coupables se retrouvaient en milieu juif: le livre des Proverbes et les évangiles, entre autres, nous en livrent le témoignage. Mais en milieu païen, hormis le cas d’inceste à Corinthee (3), ces pratiques étaient des modes de vie largement acceptés: la porneia caractérise la conduite des païens aux yeux de Paul.
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(3) Voir 1 Co 5.1: « … d’une inconduite telle qu’elle ne se rencontre pas même chez les païens. »
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« La volonté de Dieu, écrit-il en 1 Thessaloniciens, c’est votre consécration: abstenez-vous de l’inconduite sexuelle (porneia); que chacun de vous sache prendre femme dans la consécration et l’honneur, sans se livrer aux passions du désir, comme le font les païens qui ne connaissent pas Dieu. » (1 Th 4.3-5)

Ce jugement de Paul sur la culture hellénistique de son temps ne paraît pas excessif ou outrancier. Déjà au IVe siècle avant Jésus-Christ, le Pseudo-Démosthène écrivait:

« Nous avons les courtisanes en vue du plaisir, les concubines pour nous fournir les soins journaliers, les épouses pour qu’elles nous donnent des enfants légitimes et soient les gardiennes fidèles de notre intérieur. » (4)
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(4) Pseudo-Démosthène, Contre Néaïra, 122, dans R. Flacelière, La vie quotidienne en Grèce au siècle de Périclès, nouvelle édition revue et corrigée (Paris: Hachette, 1959), 95.
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Ainsi que le montre Paul Veyne, à Rome, le mariage au tournant de l’ère chrétienne est encore essentiellement un acte civique par lequel on remplit ses obligations à l’égard de la cité en engendrant des citoyens. L’épouse, écrit-il, « n’était qu’un outil du métier de citoyen et de chef de famille; elle faisait des enfants et arrondissait le patrimoine » (5); elle n’était qu’un des éléments de la maisonnée et demeurait dans un état de subordination à son mari. Pour l’homme, « le mariage était donc senti comme un devoir parmi d’autres, comme une option à prendre ou à rejeter » (6). Il s’agissait de morale civique et non d’une morale intériorisée du couple, et si les époux étaient heureux en ménage, cela ne faisait qu’ajouter à leur mérite mais n’était pas essentiel à leur union.

Il est vrai que, comme le montre Michel Foucault et le relève Paul Veyne (7), sous l’Empire, l’idéal de l’époux hellénistique est petit à petit passé de celui de bon citoyen à celui de bon mari au cours du Ier siècle. L’Erotikos. Dialogue sur l’amour (8) de Plutarque, né vers 45 de notre ère, est l’un des témoins de cette évolution.
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(5) P. Veyne, « L’Empire romain », dans Histoire de la vie privée. 1. De l’Empire romain à l’an mil, sous dir. Philippe Ariès & Georges Duby, Points Histoire H260 (Paris: Seuil), 47.
(6) Ibid., 48.
(7) Ibid., 46.
(8) Plutarque, Erotikos. Dialogue sur l’amour, trad. du grec par Christiane Zielinski (Paris: Arléa, 1995).
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Mais Plutarque, dans ce traité, se voit encore obligé de batailler pour imposer son idéal de l’amour conjugal. Du temps de Paul, la porneia était encore largement un mode vie caractéristique du paganisme: ce n’est pas dans le mariage que les hommes assouvissaient principalement leur besoin de plaisir sexuel. Cela, cependant, ne signifie pas que la culture hellénistique constituait un univers de débauche, sans règles ni contraintes. Au contraire! « Le paganisme a été en réalité paralysé par des interdits » (9): l’amour, lui-même, pour être « selon les convenances », ne se faisait pas nu et toujours dans l’obscurité, et les caresses devaient être peu nombreuses. Mais « d’après la réalité civique, où le privilège des mâles était inscrit », souligne Veyne, selon l’échelle machiste des valeurs du temps, l’infidélité conjugale du mari était largement tolérée, et concubines, courtisanes, prostituées et esclaves avaient comme rôle social, plus ou moins accepté, de répondre, selon leur rang, aux besoins sexuels des hommes.
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(9) Veyne, op. cit., 187.
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B) Les croyants et les prostituées (pornai) de Corinthe

Il n’est donc pas étonnant que l’apôtre Paul ait eu à affronter des situations dans lesquelles les jeunes convertis du paganisme ont continué à vivre selon la morale sexuelle qu’ils avaient intériorisée, en tentant même de l’accorder avec leur nouvelle foi. Tel a été le cas de certains croyants de Corinthe qui ont persisté à fréquenter, tout en se disant chrétiens, les « prostituées », en grec les pornai; le fameux temple d’Aphrodite à Corinthe comptait mille hiérodules, des prostituées sacrées (1 Co 6.12-20).

Leur raisonnement, qui comprend deux éléments principaux, semble avoir été le suivant: premièrement, il est tout aussi naturel d’assouvir ses besoins sexuels que de manger et de boire. On retrouve un tel raisonnement chez plusieurs auteurs païens, et l’on jugeait que l’abstinence sexuelle était plus nocive que la pratique modérée d’une sexualité libre (10).
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(10) Hauck & Schulz, pornè ktl, TDNT, VI, 582, et n. 17.
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L’apôtre semble répondre à un tel argument lorsqu’il écrit:
« Les aliments sont pour le ventre, comme le ventre pour les aliments; Dieu réduira à rien celui-ci comme ceux-là. Mais le corps n’est pas pour l’inconduite sexuelle: il est pour le Seigneur, comme le Seigneur pour le corps. » (1 Co 6.13)

Pour justifier leur pratique de l’inconduite sexuelle, ces Corinthiens semblent deuxièmement s’être appuyés sur certains éléments de la prédication même de l’Evangile libérateur par Paul. « Tout est permis », avait-il dit; on peut donc faire tout ce que l’on veut, avaient-ils compris. C’est pourquoi l’apôtre leur rétorque: « Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais moi, je ne permettrai à rien d’avoir autorité sur moi. » (1Co 6.12)

Il est important de noter que ces deux réponses lapidaires de Paul, qui concernent la place du corps dans la vie du chrétien et l’autorité ultime à laquelle il se soumet, ne font qu’introduire le développement plus élaboré qui suit. Car l’apôtre sait fort bien qu’il lui faut offrir une nouvelle compréhension de la sexualité, avec sa nouvelle échelle des valeurs, s’il veut amener les Corinthiens à changer de comportement.

a. Une nouvelle théologie du corps

Pour le païen de l’époque, le corps est un lieu de passage obligé qu’il abandonnera lors de sa mort et, lorsqu’il envisage une survie après la mort, celle-ci est conçue comme une survie de l’âme dépouillée du corps. Or, il semble bien que certains croyants de Corinthe avaient aussi compris de cette manière le salut apporté par Jésus-Christ. Comme le montre 1 Corinthiens 15, certains d’entre eux niaient la résurrection du corps et n’attendaient que la « libération » de leur enveloppe charnelle pour entrer dans la gloire du monde spirituel.

Tout l’effort de Paul va donc consister à mettre en évidence la pertinence du corps dans la vie humaine et donc chrétienne.

L’apôtre distingue, en un premier temps, les diverses modalités du corps: certaines sont passagères (le besoin de manger pour vivre), d’autres sont permanentes (la détermination sexuelle), comme il le souligne dans le verset 13 déjà cité. Ainsi, le fait d’être homme ou femme n’est pas une sorte d’emballage de ce que nous sommes réellement: c’est l’une des déterminations fondamentales de notre nature créée, qui nous « traverse » de la tête aux pieds. Car Dieu a créé l’humain homme et femme, nous rapporte la Genèse (1.27). Nous n’avons pas seulement un sexe, nous sommes mâles ou femelles. Cette détermination sexuelle de l’être humain ne disparaîtra pas lors de la résurrection du corps, ce qui pousse Paul à affirmer, au verset 14, que, « comme Dieu a ressuscité le Seigneur d’entre les morts, il nous ressuscitera aussi, par sa puissance ».

Cette pertinence du corps avec sa détermination sexuelle conduit l’apôtre, dans un deuxième temps, à relever deux faits que les Corinthiens, dans leur système païen des valeurs, n’avaient pas compris.

Premièrement, le fait de s’unir à une prostituée est bien plus que d’avoir un rapport sexuel. C’est, écrit l’apôtre, « être un seul corps avec elle » (v. 16). On est surpris que, pour fonder son propos, Paul cite le texte de la Genèse concernant le mariage: « les deux seront une seule chair »! Certes, l’apôtre ne cite que la fin du verset de la Genèse, ce qui prouve que, pour lui, la relation avec la prostituée n’est pas un mariage, mais il souligne par cette citation que la prostituée n’est pas qu’un sexe. Son sexe, c’est elle, et la porneia lie son client à sa personne, même si elle n’est qu’une esclave! Et ce lien est une forfaiture, une injure, car il ne s’accompagne pas du « l’homme quittera son père et sa mère, et il s’attachera à sa femme » de la Genèse. Ainsi, à la porneia que justifie l’échelle des valeurs païenne, Paul oppose le mariage biblique qui donne à la femme sa juste place créationnelle de vis-à-vis de l’homme.

Le deuxième enseignement que Paul déduit de la pertinence du corps avec sa détermination sexuelle est le caractère très particulier du péché sexuel, ce qu’il exprime de manière assez étrange: « Tout péché qu’un homme peut faire est extérieur au corps mais celui qui se livre à l’inconduite sexuelle (porneuô) pèche contre (ou dans) son propre corps. » (v.18) Il serait erroné de penser que l’apôtre oppose ici l’ensemble des péchés au péché sexuel en faisant de ce péché le plus grand des péchés. Car l’alternative, dans le texte, n’est pas entre des péchés moins importants et la porneia qui serait le péché le plus grave, mais entre les péchés qui sont « extérieurs » au corps et la porneia qui porte atteinte au corps. L’idée, me semble-t-il, est la suivante: parmi tous les péchés qu’un homme puisse commettre, seule la porneia l’implique au plus haut point en tant que corps. Il en est comme si, à cause de la détermination sexuelle de l’être humain, dans la relation sexuelle, l’homme devient son corps. Tout son être intérieur y est comme rendu présent par le truchement de l’imagination. L’orgasme cristallise merveilleusement l’union de l’homme et de la femme dans le couple, il n’est que trahison et chosification du corps et des personnes dans l’union avec la prostituée.

b. Une nouvelle échelle des valeurs

En mettant en évidence la pertinence du corps et de la sexualité, Paul établit, de fait, une nouvelle échelle des valeurs, qui souligne la dignité de la personne de la prostituée et de celle de son client à laquelle la porneia porte atteinte. Cette dignité, la morale païenne ne pouvait pleinement la discerner, car il lui manque l’essentiel, une juste compréhension de Dieu et de son œuvre, ce que Paul souligne ainsi:

« Ne savez-vous pas ceci: votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu, et vous n’êtes pas à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps. » (vv . 19-20)

Ce n’est que face à un Dieu unique et créateur de toutes choses et de l’homme et de la femme dans leur détermination sexuelle que la porneia se révèle dans toute son horreur. Car elle porte atteinte non seulement à la prostituée et à son client, mais aussi et avant tout au lien qui unit le croyant à celui dont tout dépend.

L’enseignement de Paul sur la porneia vise donc non seulement à dénoncer un comportement, mais aussi à contrer tout un système de valeurs. Sa critique de l’homosexualité doit s’interpréter de la même manière, car l’enseignement de l’apôtre sur la porneia et celui sur l’homosexualité font système.

III. L’homosexualité (11)

A) L’homosexualité dans le monde hellénistique

La pratique de l’homosexualité en Grèce et à Rome au Ier siècle était fréquente et largement acceptée, mais sous une forme particulière: la pédérastie. A Rome, les jeunes garçons étaient des esclaves, en Grèce des adolescents qui n’étaient pas encore citoyens.

Cependant, ainsi que le rappelle l’historien Henri-Irénée Marrou à propos de la pédérastie hellénique, « l’essence de la pédérastie ne réside pas dans les relations sexuelles anormales… elle est d’abord une certaine forme de sensibilité, de sentimentalité, un idéal misogyne de virilité totale » (12), la forme la plus caractéristique et la plus noble de l’amour. Car, selon l’idéal grec qu’exprime, par exemple, Platon, la pédérastie (en grec paiderasteia) a une visée éducative (en grec, paideia), liant l’adulte à l’adolescent dans « une communion beaucoup plus puissante » que celle qui unit les parents aux enfants (13). C’est pourquoi, réfléchissant dans La République à la cité idéale qu’il désire fonder, Platon souligne que l’« amour charnel » « ne devra… pas approcher » du droit amour qui lie l’« amant » et l’« aimé »:

« Le baiser que l’amant donnera à son aimé, la communauté de leur existence, tout contact entre eux seront comme à l’égard d’un fils; ses mobiles seront nobles, s’il arrive qu’il se fasse écouter; d’une façon générale, les relations vis-à-vis de celui à qui on s’intéresse seront de nature à ne jamais éveiller l’opinion que l’intimité de celles-ci soit allée plus avant. » (14)


Néanmoins, il suffit de connaître le cœur humain pour comprendre que l’idéal de l’amour pédéraste platonique a souvent été trahi, ce que confirment largement les faits. « On constate même que le mot ‹amour› (érôs) est assez rarement employé dans les textes de l’époque classique quand il s’agit de l’attrait normal des sexes et qu’il est presque réservé à l’amour homosexuel. » (15)  La pédérastie est, en réalité, partout présente dans les textes grecs et romains. On en parle en Crète, à Spartes, en Elide et en Béotie, à Mégare, Thèbes, Chalcis, en Thessalie, à Athènes. On la retrouve même dans nombre de mythes grecs. A Rome, Catulle, Cicéron, Virgile, Horace et bien d’autres l’ont pratiquée et, selon Gibbon, « parmi les quinze premiers empereurs, Claude a été le seul dont les désirs amoureux aient été entièrement sains », c’est-à-dire hétérosexuels.
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(11) Dans cette section, nous reprenons certains éléments de notre article « L’homosexualité, les données du Nouveau Testament et leur contexte », Les cahiers de l’école pastorale, hors série, 4 (2002), 15-24.
(12) H.-I. Marrou, Histoire de l’éducation dans l’Antiquité, t. I, Le monde grec, Points Histoire H56 (Paris: Seuil, 1948, 7e éd., 1981), 60.
(13) Platon, Le banquet, 209, dans Œuvres complètes, trad. L. Robin en collaboration avec M.-J. Moreau, t. I, La Pléiade (Paris, NRF, Gallimard, 1950), 745.
(14) La République, III, 403, a-b, dans Œuvres complètes, t. I, 959.
(15) Flacelière, op. cit., 138.
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B) Une échelle des valeurs

Une telle pratique de l’homosexualité montre clairement que l’échelle des valeurs gréco-romaine hiérarchise différemment ses exigences que l’échelle des valeurs de la tradition biblique. L’« infamie » dans la tradition gréco-romaine n’est pas liée au choix entre une relation amoureuse de type hétéro ou homosexuel mais, conformément à son « idéal de virilité totale », dans le fait, pour un citoyen grec ou un homme libre romain, de se comporter dans la relation sexuelle comme une femme. La faute morale fondamentale est ainsi la « mollesse » ou la passivité: passivité de l’homme qui se laisse « chevaucher » par la femme, qui pratique le cunnilingus ou se livre à la fellation sur son compagnon (16). La femme active, qui se prend pour un homme, dans une relation hétérosexuelle ou, pis encore, dans une liaison homosexuelle, renverse le juste ordre des choses.

La misogynie grecque et le machisme romain ont encouragé les relations pédérastiques. Mais l’éphèbe grec et le mignon romain n’ont pas le statut d’homme adulte: pour eux, la passivité est naturelle, ils ne sont pas censés connaître le plaisir. Dès que les poils apparaîtront, la relation devra cesser, en sorte que certains, désirant garder leur éphèbe, le feront épiler. On comprend donc pourquoi, selon l’échelle des valeurs gréco-romaine, l’homosexualité masculine ou féminine entre adultes est jugée illégitime et moralement condamnable (17). Le vocabulaire même, utilisé à son encontre, en témoigne: « déshonorer, outrager, action honteuse, conduite infâme, impureté, mœurs ignobles » (18).
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(16) Cf. P. Veyne, « L’homosexualité à Rome », dans Communications, 35. Sexualités occidentales, sous dir. Philippe Ariès et André Béjin, Points 172 (Paris, Seuil, 1982), 41-51. De manière plus développée, voir M. Foucault, Histoire de la sexualité. 2. L’usage des plaisirs, Bibliothèque des Histoires (Paris, NRF, Gallimard, 1984), 207-269.
(17) Veyne, « L’homosexualité à Rome », 48.
(18) Marrou, op. cit., 354, n. 2.
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Cependant, l’homme grec ou romain n’était pas totalement insensible, d’un point de vue moral, à la différence entre les relations hétérosexuelles et les relations homosexuelles. Paul Veyne classe la pédérastie antique dans « les liaisons illégitimes, mais moralement admises, à la manière de l’adultère, chez nous, dans la bonne société, ou, récemment encore, de l’union libre… Tel était le traitement que Rome concédait aux relations avec les mignons et la Grèce aux relations avec les éphèbes. » (19). Dans ces cas-là, on feignait d’ignorer. Michel Foucault, de son côté, souligne que « l’usage des plaisirs dans le rapport avec les garçons a été, pour la pensée grecque, un thème d’inquiétude » (20).

On découvre l’un des indices d’une telle inquiétude sous la plume de Platon, qui juge la pédérastie « contre nature » lorsqu’il écrit:

« J’ajoute, quelle que soit la façon, plaisante ou sérieuse, dont les plaisirs de cet ordre [c'est-à-dire d'amour] doivent être conçus, que la conception en doit être celle-ci: le plaisir qui s’y rapporte semble, selon la nature, avoir été accordé au sexe féminin et au sexe masculin quand ils vont l’un à l’autre s’unir en vue de la génération, tandis qu’est contre la nature la copulation des mâles avec les mâles, ou des femelles avec les femelles; et c’est l’incontinence dans le plaisir qui a inspiré un tel acte à ceux qui l’ont osé les premiers. » (21)

Le fait que Platon mentionne les relations homosexuelles entre femmes prouve qu’il ne vise pas ici seulement la pédérastie mais l’homosexualité en général, et lorsqu’il l’estime « contre nature », il ne se contente pas de censurer ici la « mollesse », mais aussi la transgression du juste ordre des choses, qui tient à l’anatomie des êtres humains.
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(19) Veyne, « L’homosexualité à Rome », 48.
(20) Foucault, op. cit., 207.
(21) Les lois, I, 636, b, dans Œuvres complètes, t. II, 651 (nous soulignons).
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C) Paul, l’homosexualité et l’échelle des valeurs bibliques

L’apôtre Paul condamne la pratique homosexuelle dans deux de ses listes de conduites pécheresses, que nous avons mentionnées plus haut, en 1 Corinthiens 6.9 et 1 Timothée 1.10. Dans ces versets, Paul n’emploie pas les mots utilisés par les Grecs pour parler du pédéraste (paiderastès, paidophthoros), il a recours aux termes malakoi et arsenokoitai. Le premier d’entre eux, les « mous » (1 Co 6.9), servait à désigner ceux qui jouaient le rôle passif dans la relation homosexuelle, en particulier entre adultes. Le second apparaît ici (1 Co 6.9; 1 Tm 1.10) pour la première fois en grec et vise toutes les formes de relations homosexuelles masculines (« des hommes qui couchent avec des hommes »). Comme le suggère David F. Wright (22), ce mot a dû être forgé par le judaïsme hellénistique ou peut-être par Paul lui-même à partir des interdits de la loi de Moïse concernant la pratique de l’homosexualité, en Lévitique 18.22 et 20.13, textes dont nous donnons, en partie et entre parenthèses, la transcription de la traduction grecque de la Septante:

18:22: « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme (kai meta arsenos ou koimèthèsè koitèn gunaikos). C’est une abomination. »

20.13: « Si un homme couche avec un autre homme comme on couche avec une femme (kai hos an koimèthè meta arsenos koitèn gunaikos), ils ont commis tous deux une abomination. »

Ainsi, par l’emploi des deux mots malakoi et arsenokoitai, l’apôtre condamne toutes les formes de pratiques homosexuelles masculines, et pas seulement la pédérastie. Le passage plus développé de Romains 1.26-27 confirme cette compréhension des textes.

En Romains 1.26, l’apôtre Paul emploie la même expression que Platon, « contre nature », dans un contexte identique qui condamne ensemble l’homosexualité masculine et féminine, ce qui est un fait rare chez les auteurs anciens (23). Par elle, Paul doit donc aussi faire allusion aux caractéristiques anatomiques de l’homme et de la femme, et à un certain ordre des choses.

Ce point de vue de l’apôtre ne découle pas seulement de l’usage grec de l’expression, mais aussi de la prise en compte de l’autre héritage culturel de l’apôtre: son héritage juif. Car ce qui est « contre nature » est présenté, en Romains 1.18-32, comme un renversement de ce que Dieu a institué par sa création (v. 20): par leur idolâtrie, les hommes « ont changé la gloire du Dieu impérissable en des images représentant l’être humain périssable, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles » (v. 23); ils ont ainsi « changé la vérité de Dieu pour le mensonge » (v. 25); « C’est pour cela que Dieu les a livrés à des passions déshonorantes. Ainsi, en effet, leurs femmes ont changé les relations naturelles pour des actes contre nature; de même les hommes, abandonnant les relations naturelles avec la femme… » (vv. 26-27). En fait, Paul mentionne l’homosexualité en premier dans sa liste des comportements pécheurs auxquels Dieu a livré les hommes, car c’est l’homosexualité qui, dans les relations entre être humains, illustre le mieux le renversement que représente l’idolâtrie dans le rapport des hommes avec Dieu. Car de même que dans l’idolâtrie l’homme manifeste tout autant son besoin que son rejet de l’Autre en se fabriquant des dieux à sa ressemblance, dans l’homosexualité l’homme exprime tout autant son désir que son refus de l’autre en se tournant vers celui qui lui ressemble.

On peut d’ailleurs se demander si l’inversion entre les deux binômes hétérosexualité/homosexualité et virilité/mollesse dans l’échelle hellénistique des valeurs n’est pas caractéristique de l’idolâtrie grecque pour laquelle l’homme est l’échelle de toutes choses. Car, comment la pensée grecque aurait-elle pu valoriser la différence entre les sexes, alors même qu’elle insistait sur la ressemblance entre les hommes et leurs dieux?
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(22) D. F. Wright, « Homosexuals or Prostitutes? The Meaning of Arsenokoitai (1 Co 6.9; 1 Tm 1.10) », Vigilae Christianae, 38, 1984, 125-153.
(23) Avant Paul, seulement dans Platon et le Pseudo-Phocylides, selon D. F. Wright, « Homosexuality: the Relevance of the Bible », The Evangelical Quaterly, 61, 1989, 295.
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IV. Un conflit d’échelles des valeurs

La « gestion » de l’« énergie à haute tension » de la sexualité à l’époque de l’apôtre Paul obéit à une échelle des valeurs largement partagée dans le monde hellénistique du Ier siècle: le mariage est un devoir civique, la sexualité une affaire d’hommes, de « virilité ». Epouses, concubines, esclaves, prostituées, éphèbes et mignons permettent aux citoyens et aux hommes libres de répondre à leurs besoins sexuels de manière plus ou moins acceptable d’un point de vue moral, mais largement tolérée.

C’est au nom d’une autre échelle des valeurs que l’apôtre Paul censure ceux qui se livrent à des « passions déréglées, comme le font les païens qui ne connaissent pas Dieu » (1Th 4.5). Valeur centrale de l’éthique chrétienne de la sexualité, le respect de l’hétérosexualité renforce l’idéal du couple monogame, esquissé dans l’Ancien Testament (par exemple Cantique des cantiques) et enseigné par Paul (par exemple Ep 5.20-33): l’homme et la femme sont appelés à faire l’expérience dans « la chair » de l’altérité dans l’égalité, d’une altérité qui est image de celle qui lie l’être humain à son Créateur, et d’une égalité qui unit, dans le seul Dieu, le Père et le Fils dans l’Esprit.

Une nouvelle échelle des valeurs tend à s’imposer en notre temps. L’historien Philippe Ariès en soulignait l’un des aspects dès 1982:

« La normalisation de la sexualité et de l’homosexualité a été trop loin pour céder à des pressions de police et de justice. Il faut bien admettre que la place acquise – ou conquise – par l’homosexualité n’est pas due seulement à une tolérance, à un laxisme – « Tout est permis, rien n’a d’importance… » Il y a quelque chose de plus profond, de plus subtil, et sans doute de plus structurel et définitif, au moins pour une longue période: désormais la société tout entière tend plus ou moins, avec des résistances, à s’adapter au modèle de l’homosexualité. […]

Si mon analyse est exacte, la mode unisexe serait donc un indicateur très sûr d’un changement général de société: la tolérance à l’égard de l’homosexualité proviendrait d’un changement de représentation des sexes, non pas seulement de leurs fonctions, de leurs rôles dans la profession, la famille, mais de leurs images symboliques. » (24)
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 (24) Philippe Ariés, « Réflexions sur l’histoire de l’homosexualité », dans Communications, 35. Sexualités occidentales, sous dir. Philippe Ariès et André Béjin, Points 172 (Paris: Seuil, 1982), 82-83.
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On assiste ainsi, d’une certaine manière, à un retour de l’échelle des valeurs du monde hellénistique. Cependant, un changement significatif doit être relevé, qui est dû à la proclamation de l’Evangile en Occident: ce ne sont plus le civisme ni l’homme dans sa virilité qui composent les deux montants de l’échelle des valeurs contemporaine en matière de sexualité, mais la liberté et l’égalité entre l’homme et la femme. Ce qui était accepté alors est devenu infâme de nos jours, et ce qui était infâme alors est devenu la règle en notre temps.

En effet, la pédérastie tant prisée par les Grecs représente à présent le mal absolu: la pédophilie ne peut être tolérée et doit être gravement sanctionnée, car elle implique l’enfant, l’être humain non libre car non adulte; l’homosexualité doit se vivre entre adultes consentants, infamie des temps passés. En outre, ce ne sont plus la virilité ni la mollesse qui conditionnent les pratiques sexuelles mais l’égalité des partenaires, quels que soient le rôle qu’ils y jouent et le type de relation (homo ou hétérosexuelle) dans laquelle ils s’engagent.

C’est ainsi que se vérifie une nouvelle fois la règle selon laquelle la modernité est un retour au paganisme d’antan, mais aussi un paganisme nouveau qui se « pare » de la perversion même du christianisme.

Jacques BUCHHOLD